Palerme, film italien d'Emma Dante

C'était hier au Méliès, et il faisait beau: idéal pour voir un film contrasté (un noir et blanc psychologique) dont le cœur se déroule dans l'espace fermé de deux voitures où on crève de chaleur et que l'air enfermé devient menaçant. C'est un film lent, amateurs et amatrices du couple indissociable"film-action": s'abstenir. C'est un film du geste, mais du geste tendu par une étroitesse qui est omniprésente: dans l'espace de la voiture, dans la ruelle où les deux en question se rencontrent, dans le champ visuel d'une caméra qui veut montrer ça: une tension, une suffocation.
L'histoire de deux voitures qui refusent de reculer, qui devient l'histoire de deux femmes qui refusent de reculer, est l'histoire du geste de l'absurde. Peint, comme je disais, dans contraste permanent entre les cris de la foule ou de quelques uns et les longs silences de l'attente.
Je salue ce film pour la recherche des gestes de l'absurdité, au plus près de leur protagonistes, dans l'étroitesse des lieux d'origine. Il y a bien plus dans la figure extraordinaire de la protagoniste plus âgée. C'est à découvrir dans ce film qui fait beaucoup avec une caméra proche, intime et souvent dérangeante.